Ecusson PLM (pont de l’Arquebuse)
Le pont de l’Arquebuse
Edifié en 1883 à l’initiative de la Compagnie du PLM (Paris Lyon Méditerranée), en bas du boulevard de Sévigné, cet édifice est auparavant connu sous le nom de « Viaduc du PLM », d’où la présence des écussons avec les trois lettres de la compagnie sur les ferronneries coté jardin de l’Arquebuse. Mais du fait qu’il se situe face à ce jardin, les dijonnais(es) finissent par l’appeler Pont de l’Arquebuse. En 1938, cette compagnie du PLM disparaitra lors de la réunion de toutes les compagnies ferroviaires présentes en France, sur décision du gouvernement de l’époque afin de créer la SNCF.
Le pont de l’Arquebuse est constitué d’un ensemble de piliers mélangeant des fers rivetés dans sa partie supérieure et des éléments fondus en fonte dans sa partie inférieure, afin de résister à des charges et forces importantes. Ces éléments ont été fabriqués par les Fonderies Denonvilliers, célèbres à l’époque, pour avoir participé au grand décor de l’exposition universelle de 1878 et qui se trouve aujourd’hui à l’entrée du Musée d’Orsay. Denonvilliers est reconnu en France mais aussi à l’international pour son savoir faire et sa maîtrise des fontes industrielles utilisées dans les constructions métalliques.
Comme énoncé précédemment, côté Arquebuse, des écussons du PLM et des branches de chênes avec glands agrémentent en alternance une rambarde composées de piques. Ces écussons, comme les extrémités de cette rambarde, sont encadrées de ferronneries en volutes . Quant au tablier du pont, il est sobrement décoré de cartouches sur ses poutres, sur lesquelles des traverses avec des feuilles d’acanthes viennent s’intercaler. Les piles de ce pont sont couronnées de consoles avec triglyphes. Le rivetage des plaques de fers est visible sur le fut de ces piles mais aussi sur les traverses et le tablier du pont.
Tous ces éléments de décor correspondent au langage de l’éclectisme (style né sous le Second Empire avec Charles Garnier et son Opéra ) et concourent à donner un certain prestige à cette entrée de centre ville. La face coté boulevard de Sévigné est traitée avec beaucoup plus de sobriété, rappelant que cet ouvrage d’art est avant tout un pont ferroviaire. La rambarde est ornée de croix de Saint André et de balustres avec triglyphes en fer donnant à l’édifice un côté assez austère tout en laissant transparaitre les notions de force et de puissance d’une ville, à l’époque en plein développement économique et démographique.
Cette face n’est plus aussi bien visible depuis qu’en 2012, l’adjonction d’une plateforme piétonne a non seulement dénaturé l’ouvrage mais aussi abimé les culées du pont. Ainsi, côté rue Mariotte, la maçonnerie de la culée, a carrément été écrêtée et même éventrée pour aménager une entrée depuis cette rue vers la gare SNCF.
A cet aménagement, peu respectueux du pont, il est à déplorer son réel manque d’entretien, qui se traduit par la présence grandissante de la rouille et une végétation de plus en plus envahissante. La présence de cette végétation abime non seulement les éléments de ferronnerie et potentiellement les rivetages, mais aussi la maçonnerie des culées. Des fissures sur ces maçonneries apparaissent et seraient source d’infiltrations, générant encore plus de dommages.
Le pont de la Porte d’Ouche
Lors de la construction de la voie ferrée, un premier pont avait été édifié en 1848 à la Porte d’Ouche, en bas de la rue Monge. Il était composé de trois arches : une arche centrale pour la circulation hippomobile puis automobile, encadrée de chaque coté, de passages latéraux de taille modeste pour la circulation piétonne. Mais dès 1895, cet aménagement commença à poser des problèmes de fluidité de trafic, notamment avec la ligne de tram qui passait dessous, et d’esthétisme, au point qu’il fut envisagé de le reconstruire.
Un premier projet vit le jour en 1906, sans qu’il aboutisse : un litige entre la ville de Dijon et la compagnie ferroviaire au sujet de la destruction de l’ancienne Porte d’Ouche aurait été la cause de l’annulation du projet. Il faudra attendre les années 30, pour qu’enfin un nouveau projet soit élaboré : le pont actuel, inauguré en 1937.
Ce pont est un bel exemple de l’Art Déco, très à la mode dans l’entre-deux-guerres. C’est la ligne droite et les formes géométriques qui dominent. Les culées du pont sont des cubes de maçonneries sur lequel vient s’appuyer le tablier en fer riveté.
Ce tablier est sobrement décoré de motifs rectangulaires avec des refends triangulaires. Il est surmonté d’une rambarde quadrillée de rectangles. Les faces des culées, côté rue Monge et côté vieil hôpital sont ornées d’armoiries : celle de la ville de Dijon pour la culée en direction de l’Arquebuse, et celle de la Bourgogne pour la culée direction bastion de Guise.
Ces armoiries sont encadrées de trois lignes de petits cubes qui viennent renforcer avec rigueur et sans excès le décor. Avec la présence des formes géométriques que sont cubes, triangles, rectangles, la rigueur et la prédominance de la ligne droite, puisque toute ligne courbe est absente, ce pont, chef d’oeuvre de l’Art Déco, souffrirait d’un réel défaut d’entretien.
C’est fortement regrettable. Le constat est le même que pour le Pont de l’Arquebuse, à savoir végétation de plus en plus envahissante avec les effets néfastes sur la maçonnerie et les rivetages, infiltration, rouille de plus en plus présente. A la différence de l’Arquebuse, mais pour combien de temps encore, le Pont de la Porte d’Ouche est aussi victime du fléau des tags.
En conclusion
L’intérêt historique mais surtout architectural et patrimonial de ces édifices ne fait aucun doute, cependant il semblerait que ces ponts ne soient ni inscrits ni classés aux monuments historiques puisqu’ils ne figurent pas dans la base Mérimée (répertoire de l’ensemble du patrimoine français quelque soit sa nature, ou sa forme).
La conservation et la mise en valeur de ces ouvrages d’art s’avèrent urgents, des travaux de restauration, ou a minima de peinture seraient plus que nécessaires.
En ce qui concerne l’aspect sécuritaire, nous ne sommes pas qualifiés pour le définir, mais par cet article, nous ne pouvons qu’attirer l’attention de SNCF Réseau (ex Réseau Ferré de France), responsable de l’entretien des ponts ferroviaires.
En France, 580 ponts métalliques devraient faire l’objet d’un remplacement avant 2035. Les ponts Arquebuse et Porte d’Ouche font ils partie de ces 580 ponts ? Qu’attend SNCF Réseau pour les entretenir, les restaurer ? Qu’ils soient trop dégradés pour cela et qu’ils soient remplacés par des ouvrages plus modernes, plus coûteux qu’une restauration, et certainement moins prestigieux ?